Des romans «sur mesure» pour le cinéma
Jean-Christophe
Grangé


LIVRESSE – La symbiose parfaite entre le monde de l'édition et l'industrie cinémato-graphique. Jean-Christophe Grangé illustre admirablement bien ce mariage de raison entre deux mondes qui parfois peuvent être si différents. L'un feutré, l'autre tout enrobé de glamour.
La sortie de son plus récent thriller, Le Concile de pierre, (Albin Michel, 2000) a confirmé une fois pour toute son titre de maître du thriller français et sa place parmi les meilleurs auteurs du genre, toutes langues confondues.
Mais voilà que ce succès se conjuguent avec la sortie dans les salles de cinéma du film Les Rivières pourpres, dont le scénario est tiré du roman du même nom et autre best-seller de Grangé.
Finalement, ce mariage du livre et du film a été complété avec la réédition, évidemment, du roman Les Rivières pourpres (Albin Michel, 1997). Cela donne, pourrait-on dire, un effet «Potter». Le film et les deux livres s'autopublicisant mutuellement.
Cette recette, élaborée, au cours de la dernière année, vaut à Grangé une année 2001 déjà exceptionnelle.
Une année qui a commencé comme s'était terminée la précédente, avec une place au sommet des palmarès et une renommée qu'il partage avec peu d'autres grands noms, si ce n'est Jean Reno, l'acteur principal qui joue le rôle du commissaire Pierre Niémans, dans Les Rivières pourpres.
Le succès de Grangé n'est pas artificiel. Il a trempé sa plume dans la même encre que les Ludlum, les Crichton ou les Grisham. Ses intrigues étonnantes tissent des trames qui amènent les lecteurs aux quatre coins du monde et le tiennent en haleine de la première à la dernière page.
Certain diront que Grangé a maîtrisé la recette américaine. En réalité, il n'y a pas de recette américaine. Grangé a simplement suivi les principes de base de la rédaction d'un bon roman, avec prologue, élément déclencheur, scènes d'action bien présentées et solution réaliste à un problème difficile. Le tout peuplé de personnages hors de l'ordinaire qui vivent des moments hors de l'ordinaire.
Et le talent a fait le reste.
Un talent que, portant, Grangé avait déjà démontré amplement lors de sa première carrière, celle de reporter.
Avec une maîtrise de la Sorbonne en poche, on le connaît d'abord rédacteur publicitaire puis bientôt reporter pour une agence de presse. Il sillonnera alors le monde et rédigera des reportages qui susciteront l'intérêt des plus prestigieux magazines, dont Paris-Match, Stern et National Geographic.
Il fondera sa propre agence et, comme pigiste, il retourne en expédition et ramène des reportages comme «Les seigneurs des îles», une série sur les milliardaires qui vivent sur des îles, ou encore «Pharaons noirs», ce dernier à propos de mystérieuses pyramides. Ses écrits journalistiques lui vaudront deux grands prix de la profession, le Prix Reuter et le Prix World Press.
Puis il plongera dans l'écriture romanesque avec autant de succès, avec un premier titre, Le Vol des cigognes (Albin Michel, 1994). Sa deuxième carrière venait de commencer. S'il avait connu le succès avec la première, celle-ci lui amènera gloire et consécration.
Cette consécration, le cinéma y a contribué. Vrai que Grangé a un style qui s'adapte bien à l'écriture des scénarios cinématographiques. Un peu comme celui du dernier succès de Michael Crichton, Prisonniers du temps.
D'ailleurs, l'auteur l'a lui-même admis, dans une entrevue publiée sur le web par le magazine Écran Noir. «On voit déjà bien qu'il a un rythme très cinématographique», a-t-il répondu, lorsqu'on lui souligné qu'il avait un style d'écriture très découpé, très scénarisé.
Aujourd'hui, ses best-sellers traduits en dix-huit langues et la version cinématographique des Rivières pourpres lui permettent un revenu dont rêvent toujours la plupart des écrivains.
Il y a aussi que, celui qui rêvait d'être écrivain s'est retrouvé plutôt «auteur à succès». Dans ces mots, empruntés d'un reportage de Libération, s'expriment d'ailleurs des nuances que Grangé assimile mal, regrettant de «ne pas faire oeuvre d'écrivain».
Jean-Christophe Grangé est né en 1961,à Paris. Il a décroché une maîtrise de lettres à la Sorbonne en 1987. Il nous a donné Le Vol des cigognes, en 1994, mais celui dont on a vu l'énorme talent réellement poindre à l'horizon avec Les Rivières pourpres, en 1997, a confirmé son statut de maìtre du thriller, en 2000, avec la publication du Concile de pierre. Ses deux premiers livres se sont vendus à près d'un demi-million d'exemplaires en France seulement.
Avec ce dernier roman, JCG s'est hissé au même niveau que les Ludlum et les Crichton de la littérature anglo-saxonne.
Mise à jour : juillet 2001