Victor-Lévy Beaulieu (1945-2025)
Une plume boulimique s’éteint au milieu de la nuit

Victor-Lévy Beaulieu n'a pas fait qu'écrire des livres; il a, avant tout, écrit une œuvre par laquelle il espérait trouver le meilleur de lui-même, et tant mieux si allaient s'y retrouver à leur tour. Après des décennies d'écriture et plus de 80 ouvrages, il est bon de mesurer l'ampleur de cette œuvre. Dans cet essai, Pierre Laurendeau propose de suivre le périple de cet immense écrivain qu'est Victor-Lévy Beaulieu en faisant l'inventaire de ses romans, essais, pièces de théâtre, téléromans, anthologies, récits autobiographiques, etc., et en les regroupant en six grandes périodes.
Victor-Lévy Beaulieu s'est éteint dans la nuit de dimanche à lundi, le 9 juin 2025 à l'âge de 79 ans, laissant derrière lui une œuvre littéraire d'une ampleur extraordinaire qui marquera à jamais la littérature québécoise.
Il est décédé à Trois-Pistoles, cette petite ville du Bas-Saint-Laurent qui fut l'un de ses refuges créatifs les plus chers.
Né le 2 septembre 1945 à Saint-Jean-de-Dieu dans le Bas-Saint-Laurent, Victor-Lévy Beaulieu a grandi dans une famille modeste. Très tôt passionné par la lecture et l'écriture, il développe une véritable boulimie littéraire qui caractérisera toute sa vie.
Autodidacte
Autodidacte accompli, il puise son inspiration dans les grands maîtres de la littérature mondiale, particulièrement François Rabelais, James Joyce et Herman Melville, dont l'influence transparaît dans son style unique et débridé.
Boulimique de lecture et d'écriture, il a réalisé une œuvre immense qui compte des dizaines d'ouvrages dans tous les genres.
Romancier prolifique, dramaturge reconnu et essayiste et pamphlétaire engagé, Beaulieu a exploré tous les registres de l'écriture avec une égale maestria.
La vraie saga des Beauchemin
Ses romans, dont la célèbre saga des Beauchemin, dressent un portrait saisissant du Québec rural et de ses transformations. Son écriture, empreinte d'un réalisme cru et d'une langue riche et inventive, témoigne d'un amour profond pour sa terre natale et ses habitants.
En tant qu'éditeur, il fonde les Éditions VLB en 1976, une maison qui devient rapidement incontournable dans le paysage littéraire québécois. Il y publie de nombreux auteurs émergents et contribue significativement au rayonnement de la littérature québécoise.
Éditeur et scénariste de la télé, il diversifie ses talents créatifs en écrivant pour le petit écran, adaptant notamment plusieurs de ses œuvres.
Homme de convictions
Homme de convictions, Beaulieu n'hésite jamais à exprimer ses opinions politiques et sociales. Fervent défenseur de la souveraineté québécoise, il se présente même comme candidat indépendant lors d'élections provinciales, témoignant de son engagement citoyen au-delà de la littérature.
Son œuvre titanesque, composée de plus de cinquante livres, lui vaut de nombreuses distinctions et reconnaissance. Il reçoit notamment le Prix du Gouverneur général pour « Don Quichotte de la démanche » en 1974, consacrant ainsi sa place parmi les grands écrivains québécois. Il recevra aussi le prix Québec-Paris, en 1979, pour son roman Monsieur Melville.
Après avoir occupé une place importante dans le monde littéraire québécois durant une cinquantaine d’années, sa plume y est allée d’un dernier jet d’encre, en 2016, avec la publication d’un essai, « À douze pieds de Mark Twain », aux Éditions Trois-Pistoles.
Un créateur insatiable
Il laisse derrière lui une œuvre démesurée, en tant qu'auteur, scénariste et éditeur. Victor-Lévy Beaulieu restera dans la mémoire collective comme l'un des géants de la littérature québécoise, un créateur insatiable qui aura consacré sa vie entière à célébrer et à enrichir la culture québécoise.